Trio Amoris: chansons coquines & grivoises issues des répertoire classique & populaire

Compte-rendu:

TrioAmoris13.5.06

Mais que peuvent-ils bien se/nous raconter, ces trois-là ?

Ce soir-là a soufflé un petit vent frais à La Goulue… Cupidon n’était pas loin, et ses flèches nous sont parvenues, délicieusement décorées par quelques paroliers aux textes nimbés de musiques… plus ou moins lestes ! En bon français, des chansons coquines, voire grivoises, de provenances multiples…

Le Trio Amoris, composé de la conteuse-chanteuse Josiane Rossel, de la basse Michel Fuchs, les deux entraînés en outre vers des pentes glissantes par la grâce du clavier mutin de François Margot, ont parcouru un répertoire …étrangement peu souvent à l’affiche des salles de concert…

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François Margot, le pianiste, lui, on peut pas le manquer

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Josianne Rossel, vous l'aurez repérée bien sûr !

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Michel Fuchs, basse: vous l'avez bien entendu reconnu...

C’est que, diable, on sent là qu’on est encore de dignes citoyens d’un territoire toujours profondément marqué par le protestantisme, que dis-je le calvinisme ! La capitale du protestantisme n’est pas bien loin… Il y a des choses qui ne se disent pas, qui se sous-entendent « sotto voce » éventuellement, mais qui ne se CHANTENT SURTOUT PAS !

Eh bien si: ils ont osé… ainsi qu’elle… Oh, c’était de la belle littérature, les allusions étaient plus ou moins discrètes ou explicites, mais quand-même, si on a souri, voire ri, c’était …en tout bien tout honneur… Par contre, il est parfois des allusions bien plus excitantes que des propos trop directs et gras…

Or donc, ça nous changeait de la musique sérieuse, voire de la « grande musique », ne boudons pas nos plaisirs ! Et le public venu en nombre (feignons la surprise…) ne s’y est pas trompé ! Il a passé un excellent moment…

Tout commença par quatre chansons gaillardes de Francis Poulenc. Ce dernier ne s’acoquinant pas trop quand-même avec le genre salace, la musique fut bonne, les chanteur-teuse à l’aise, si l’on peut dire, et quelques mouvements sur la scène, quelques propos par-dessus le piano nous firent entendre dans quelle direction il fallait s’attendre à ce que le programme musical s’engage…

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Ça y est, ça commence à fricoter, et le pianiste ne peut pas se défendre, s'il doit jouer !

Un petit maître passait par là, un certain M. Simons… ce qu’il nous laisse est un peu suranné, mais cette guimauve-là se buvait avec délices: « C’est dégoûtant ..mais nécessaire », tout un programme, on peut vous l’assurer ! Dans la même veine, « Vertu, verturon, verturonnette », d’Henri Christiné, que tout le monde connaît, c’est certain, (non ? Allons !…) mais ça passe très très bien, on est vraiment dans l’ambiance, maintenant…

Un extrait d’une opérette de Jacques Offenbach, « Couplets du Baron », nous fais remonter à un niveau de qualité musicale quand-même plus affirmé, même si les propos restent légers-légers… Et là, oh surprise, notre pianiste nous glisse deux pièces on ne peut plus sérieuses, strictement pianistiques, de Mendelssohn, puis d’un certain J. N. Hanff… juste le temps de nous laisser souffler avant l’irruption d’une nouvelle série de quatre chansons gaillardes de Francis Poulenc, dont nous ne vous donnerons pas les titres, on en aurait pour …une soirée supplémentaire !

À ce stade, le public est prêt pour passer à des choses plus concrètes et explicites, sous la forme de chansons galantes (-illardes ?) d’origine populaire, ce qui permet plus d’audaces, bien sûr: personne ne risquait la prison pour avoir composé ces chansons populaires et anonymes, mais peut-être était-il quand-même préférable autrefois de ne pas les chanter à tue-tête dans la rue, sous peine de se voir juger par les tribunaux des Consistoires, dominés par Messieurs les Pasteurs…, au moins jusqu’au XIXe siècle ! On risquait même les galères…

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Sont-ils pas mignons, ces deux, se dit le Michel...

Pour boucler la soirée, deux bis réclamés avec fracas, pour deux tubes: « One touch of Venus » de Kurt Weill, ordinairement plutôt spécialisé dans les chansons de cabaret allemand puis dans les opéras sur des textes de Bertold Brecht, devait comme tout le monde avoir à l’occasion de coupables tentations qui s’étaient traduites par quelques musiques… Et pour boucler le tout par la morale de l’histoire: « Dans la vie faut pas s’en faire », qu’on connaît bien toutes et tous, et dont j’ai profité pour apprendre qu’elle est d’Henri Christiné (que tout le monde connaît, bien sûr ! (non ? Allons !…).

Gageons que le public n’aura pas remarqué qu’à l’issue du concert, l’après-concert voyait les verres remplis de philtres d’amour et autres boissons aphrodisiaques…

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Là, on laisse travailler votre imagination...

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Je pense que Michel devait ressentir le besoin de bien appuyer sur une allusion délicate...