Compte-rendu:
Roger Atikpo est un conteur africain, établi dans la région, mais qui fait une carrière internationale dans le monde des contes et du théâtre, et d’incessants allers-retour avec l’Afrique, sa terre natale, sa source d’inspiration, cet univers qui à chaque fois lui redonne un supplément de souffle épique, une inspiration sans cesse renouvelée.
Roger Atikpo, c’est un personnage qui incarne tout, qui incarne les personnages des histoires qu’il raconte, qui change de boubous comme nous de chemise, mais c’est à chaque fois pour camper une nouvelle atmosphère.
Roger Atikpo, c’est une présence immense, c’est un pilier solide, c’est une âme incarnée, l’âme du peuple dont il est issu, et dont il essaye de transmettre autant de substance que possible, tout en sachant qu’il en est à jamais devenu un demi-étranger. Ayant quitté la continuité de la vie quotidienne de sa région natale, il a un peu perdu le fil, et il tente d’en garder assez pour rester attaché à son « chez-lui », tout en étant à tout jamais aussi un peu devenu occidental, ce qui lui permet de nous faire passer un message que l’on peut comprendre.
Ses contes, on ne peut pas les raconter nous-même, mais on peut en sentir l’essence, on peut capter au moins une partie des messages, et surtout: se laisser entrainer sans retenue dans de grands aventures épiques, ou dans d’adorables petites fables pleines de bon sens, de malice, de moralités qui pourraient nous rappeler parfois un peu des fables de La Fontaine.
Les accessoires utilisés, notamment la cora, cette sorte de « harpe africaine », accompagne constamment son propos, le ponctue, l’accompagne simultanément parfois; mais il y a aussi l’atmosphère du lieu, la manière dont il l’a occupé d’autorité et à sa manière, nous entraînent dès le premier instant jusqu’à la dernière seconde de la dernière histoire, dans un monde qui nous est a priori inconnu, mais familier parce qu’il s’agit de la même immense famille humaine à laquelle nous appartenons tous, dont nous partageons beaucoup d’éléments du destin commun, mais à chaque fois transposé dans un autre lieu, une autre géographie, une autre culture, un autre monde social, et bien sûr: un autre imaginaire !
Bon vent à Roger, qui porte avec lui un peu du souffle essentiel de l’africanité et nous en a fait partager …une petite brise capiteuse !