Compte-rendu du concert:
Certains se demanderont pourquoi nous avons invité un percussionniste à venir jouer du marimba dans le cadre de notre année 2007 placée sous le thème des instruments à clavier…
Mais c’est que cette famille est nombreuse, et qu’en plus, les claviers ne ressemblent pas nécessairement tous à celui du piano…
On pourrait retenir, comme critère de définition d’un instrument à clavier, le fait qu’il oblige l’instrumentiste qui joue de passer par l’intermédiaire d’une mécanique actionnant des cordes, des tuyaux, des anches, peu importe quoi, mais à chaque note devant correspondre un son… Mais alors, me direz-vous, le marimba n’y correspond pas ! Il est « frappé » directement sans intermédiaire mécanique… En effet… et c’est somme toute très difficile de définir un « clavier », dont le mot vient de « chiave », clé…
En fait, le marimbal fait partie de la famille des xylophones, soit des instruments à lames en bois, disposées comme sur un clavier sur lesquelles on frappe avec des « maillets » (il en va de même des métallophones et des vibraphones, à lames en métal).
Presque toutes les traditions musicales possèdent de tels instruments dans leur panoplie. Pour ne citer que les 2 plus célèbres: le balafon, en Afrique, et, en Amérique centrale, justement, le …marimba.
Cet instrument a intéressé au cours du XXe siècle divers compositeurs américains, qui se le sont approprié, tant pour enrichir l’instrumentarium des percussions en musique classique, soit pour l' »annexer » aux instruments joués pour le jazz. En tous les cas, l’instrument s’est modernisé et est devenu un instrument de dimensions imposantes, de quelque 2 mètres de long et près d’un mètre cinquante de large.
Sa disposition « frappe »: les lames sont alignées …très exactement comme les touches d’un clavier de piano ! (et nous y voilà): les « touches blanches » alignées côte à côte à espace régulier, de plus en plus courtes plus on va vers l’aigu (et vers la droite de l’instrument). Une deuxième rangée de lames se trouve un peu plus « en retrait » et un peu plus haut: ce sont les « touches noires » et les lames y sont disposées de la même manière. Et pour en jouer ? Une série de baguettes de dimensions variables, dont l’extrémité peut être plus ou moins dure selon le son qu’on veut produire.
Les musiciens pratiquant cet instrument exigeant utilisent jusqu’à 4 baguettes simultanément: 2 par main, ce qui leur permet de jouer donc 4 notes simultanément, ou des mélodies plus sophistiquées et plus rapides.
Peter Baumann, musicien veveysan, nous a offert la possibilité de découvrir cet instrument en solo, donc sans les nombreux instruments qui sont souvent joués en même temps, et d’apprécier cette chaude sonorité qu’offrent des lames en bois exotique dont la résonance peut être étonnamment puissante. Il faut dire que sous chaque lame se trouve un tuyau en aluminium, qui permet d’amplifier les vibrations sonores provoquées par les lames frappées.
Le public curieux de découvrir cet instrument a pu en entendre diverses facettes, explorées par divers compositeurs du XXe siècle, et Peter Baumann nous a en outre gratifiés de quelques arrangements de pièces non-écrites pour le marimba mais qui y sont parfaitement jouables. Au final: un magnifique récital, durant lequel le spectacle le dispute à l’audition, tant le jeu des baguettes est subtil et parfois impressionnant à regarder, lorsque le musicien déplace ses bras à toute vitesse d’un point à l’autre de l’instrument, en faisant pivoter avec précision ses poignets pour frapper juste, au bon moment, et parfois simultanément des lames placées sur les 2 rangées…
La maîtrise de cet instrument requiert une très grande force de concentration et un « réglage fin » du jeu des baguettes. Mais le résultat est très intéressant à entendre, et notre public a été conquis sans peine par cet instrument qui ne fréquente pas si souvent les salles de concert, en tout cas en musique classique…
Nous trouverons bien un prétexte à l’avenir pour faire revenir cet instrument et son interprète, très maître de son art et très convainquant… Dommage qu’il n’y ait pas eu davantage de curieux pour venir entendre cet instrument et la musique écrite pour lui. On peut parfois regretter que les gens manquent pareillement de curiosité ! Mais peut-être était-ce dû à cette chaude journée estivale qui avait maintenu les gens hors de chez eux, et peu désireux de venir à un concert ?…