Olga Pitarch, soprano; Ariane Gendrat, piano: Wolf-Granados: l’Espagne entre folklore et modernité

La soprano Olga Pitarch et la pianiste Ariane Gendrat se sont unies pour proposer un récital mariant 2 compositeurs qui apparemment n’ont pas grand-chose en commun: le compositeur romantique allemand Hugo Wolf et l’espagnol Enrique Granados. Mais bien sûr, elles y ont trouvé nombre de parallèles qui rendent la juxtaposition riche de sens ! Et nous vaudra de magnifiques contrastes de style !

Au programme, des extraits du « Spanisches Liederbuch » d’Hugo Wolf, et, d’Enrique Granados, quelques mélodies isolées puis 4 extraits des « Canciones amatorias ».

Olga Pitarch, soprano

Ariane Gendrat, piano

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extravagant voire impossible de réunir ces deux compositeurs lorsqu’on y pense la première fois. Et pourtant une filiation s’est révélée à
nous. Par les textes d’abord ; Wolf compose le « Spanisches Liederbuch » en 1889-1890 d’après le recueil de poèmes du Siècle d’or espagnol
sélectionnés et traduits en allemand par Emanuel Geibel et Paul Heyse en 1852. Pour son cycle « Canciones Amatorias » composé en 1915, Granados
puise également dans les poèmes du Siècle d’or espagnol (XVIe-XVIIe siècles). Et l’on retrouve d’ailleurs chez Wolf et Granados le même poème
de Lope de Vega mis en musique : « Weint nicht, ihr Äuglein » (Spanisches Liederbuch) – « No lloréis, ojuelos » (Canciones Amatorias).

Outre la similitude d’inspiration, le compositeur germanique et le compositeur espagnol ont en commun un langage musical d’une
grande élaboration, d’une grande complexité harmonique et rythmique, et une écriture pianistique novatrice. Wolf, en grand compositeur de
Lieder dans la continuité de Schubert, Schumann et Brahms, épie chaque mouvement infime de l’âme avec une sensibilité aigüe. Il offre un
espace sonore aux sous-entendus, aux non-dits. On raconte que, lors des ses concerts, il déclamait toujours le poème avant son interprétation.
Cet attachement à l’idée qu’une musique doit découler du poème, qu’elle est au service des mots, rappelle les premiers temps de l’opéra à
l’époque baroque. Wolf conserve cette aspiration de la musique à porter le langage, à avoir une essence dramatique : bon nombre de ses Lieder
sont de véritables opéras miniatures, le drame étant resserré au plus près.

Le Spanisches Liederbuch est représentatif de l’avidité des romantiques pour tous les idiomes folkloriques et surtout de la fascination de
Wolf pour l’Espagne, alors qu’il n’y est jamais allé. Ce fantasme de l’Espagne est également sublimé par Granados, compositeur phare du
renouveau de la musique espagnole. Ainsi nous présentons dans notre programme l’Espagne, son âme, ses racines glorifiées et réinventées, en
faisant se côtoyer deux compositeurs presque contemporains qui mêlent une approche postromantique, faisant appel à des résonances et rêveries
exotiques, et une approche novatrice, ouvrant la voie au XXe siècle.