Le prestigieux Ensemble Phaedrus, réunissant plusieurs « traversistes » (musiciennes et musiciens jouant du traverso, l’ancêtre de la flûte traversière moderne) et d’autres musiciens, nous délègue un « quatuor » formé de Miriam Trevisan, chant et percussion, Bor juljan, luth et chant, Mara Winter, traverso renaissance et cornemuse, et Charlotte Schneider, traverso renaissance, pour un programme d’oeuvres du XVIe siècle exécutées sur traverso Renaissance (instrument antérieur au traverso baroque).
Avec des voix, des flûtes et un luth, Phaedrus suit les traces de mélodies connues, de chansons folkloriques et de fragments poétiques cachés dans les frottole de l’Italie des XVème et XVIème siècles. Dans une tournure inspirée du terme « misticanza » de Praetorius, les chansons sont réimaginées à travers les sensibilités des « lanzi » suisses et allemands, ou Landsknecht : les premiers joueurs de flûte connus à avoir travaillé en Italie tout au long de la période de la Renaissance.
L’Ensemble Phaedrus interprète des oeuvres polyphoniques du XVIe et du premier XVIIe siècles, cherchant à faire revivre le son oublié du consort de traversi Renaissance à l’intention des auditeurs actuels. Réunis à l’occasion de leurs études à la Schola Cantorum Basiliensis, les musiciens de Phaedrus viennent du monde entier: États-Unis, Allemagne, Espagne, Slovénie, Italie, France et Suisse; chacun d’entre elles/eux s’est ainsi vu-e offrir la possibilité de mettre à disposition des autres son approche personnelle de l’interprétation.
À l’origine un consort pour 4 traversi, Phaedrus s’enrichit fréquemment de l’ajout de voix et d’autres instruments. Y collaborent notamment la chanteuse Miriam Trevisan, la chanteuse et luthiste Emma-Lisa Rou, le luthiste Bor Zuljan et le percussionniste Massimiliano Dragoni, histoire de plonger plus profondément dans la relation entre le traverso Renaissance et la voix humaine, ainsi que pour mêler les instruments de cette époque avec des instruments contemporains. Phaedrus fait usage de flûtes d’un facteur renommé, Giovanni Tardino, concerto de traversi constitué d’après le consort original qui a survécu à l’outrage des temps dans l’Académie philharmonique de Vérone.
Les musiciens de Phaedrus se sont rencontrés autour de leur fascination commune pour la beauté de la musique de la Renaissance, autant que pour la philosophie humaniste et les pratiques rhétoriques qui ont donné à la musique ses caractéristiques particulières lors des XVIe et XVIIe siècles. Dans cette perspective, le nom de « Phaedrus » a été tiré du titre du texte de Platon dans lequel Socrate revendique que l’art de la rhétorique découle de la folie, de l’inspiration divine et par dessus tout, de l’amour.