Compte-rendu du concert:
L’Ensemble Albadolce est composé d’Élodie Bouleftour (chant, rebec, cornemuse et flûtes à bec), Benoît Pernet-Coudrier (cornemuse, hulusi, flûtes indiennes et chinoise) et Arnaud Carron de La Carrière (percussions digitales noyen-orientales et tympanon).
Une pièce à trois tambours ! (Les photos prises lors du concert l'ont été par Dominique Schreckling)
Ce trio de jeunes musiciens nous est arrivé tout pimpant vendredi, en direct de Brest… Débarquant du TGV, ils avaient littéralement déménagé leurs appartements ! Nous n’avons jamais vraiment compris comment ils avaient réussi à convoyer autant d’instruments à 3 personnes, dont un hackbrett (ou plutôt un tympanon, dans la musique médiévale), trois tambours, deux cornemuses, un rebec, et une collection de flûtes à bec et traversières interminables et de toutes provenances possilbles…
Flûte indienne, rebec et tambour en répétition...
Une fois installé-e-s dans notre salon, l' »atelier » s’est mis en place et nos murs ont résonné des heures durant de toutes les combinaisons possibles de ces instruments, agrémentées en outre des prestations vocales d’Élodie Bouleftour.
...les mêmes en concert !
Le soir du concert, nous avons eu droit à un festival de sonorités, marquées surtout par une grande subtilité de sons: presqu’aucun instrument ne sonnait de manière tonitruante… On aurait pu le craindre, par exemple avec les cornemuses, mais il s’agissait de deux cornemuses à la sonorité ample mais pas agressive. Les flûtes traversières hindoues et chinoises de Benoît Pernet-Coudrier requerraient une sacrée maîtrise, la difficulté d’en jouer valait le résultat, avec des sonorités très intimistes et chaudes pour les flûtes indiennes, et plus franches pour les flûtes chinoises. Les flûtes à bec d’Élodie Bouleftour ont transpiré: les nombreuses estampies jouées, pièces instrumentales basées sur des mélodies simples mais objet de très nombreuses variations avec ornements contournés et virtuoses, mettaint en relief l’incroyable maîtrise de la flûtiste. Quant à Arnaud Carron de la Carrière, ses tambours offraient des sonorités qui semblaient venues de nulle part, rondes et chaudes. Le tympanon ajoutait ici et là une sonorité plus « métallique », avec cet instrument ressemblant comme un frère jumeau à son cousin le cymbalum roumain ou hongrois… Les trois musiciens se sont même associés pour offrir une pièce à …trois tambours, proposée par Arnaud Carron de la Carrière lui-même…
Arnaud Carron de la Carrière au tympanon: concentration extrême !
De fait, la musique médiévale devait se jouer à l’époque sur des instruments dont pratiquement aucun ne nous est parvenu. On en voit essentiellement des représentations iconographiques sur toute sorte de supports, peintures, fresques, bas-reliefs, ainsi que dans des textes divers qui les mentionnent. Il s’agissait certainement souvent d’instruments issus de ceux utilisés pour les musiques populaires et traditionnelles. Les artistes avaient choisi justement de jouer de divers instruments de provenances variées, parfois cousins de nos instruments occidentaux, et vu le peu d’indications que nous possédons sur l’exécution de la musique instrumentale écrite de ce Moyen Âge, Alba Dolce nous a donc offert « ses » propositions de restitution de ces musiques, ce qui en représente tout l’intérêt: selon la capacité des interprètes à nous la rendre vivante, on découvre à chaque fois une autre musique, d’autres propositions, outre que ces oeuvres ne sont pas souvent jouées.
Élodie Bouleftour au rebec
Le public a donc énormément apprécié cette diversité musicale, et les nombreux instruments joués pour les interpréter. Il a le plus souvent découvert des pièces inconnues pour lui, et pu constater que c’est une musique très vivante et enlevée, à l’exception notable de chansons d’amour souvent sans espoir…
Benoît Pernet-Coudrier jouant d'un instrument très improbable... Je ne me souviens pas de son nom
Seul petit bémol: il y avait ici ou là une pièce ou l’autre qui souffrait du changement fréquent d’instruments, avec parfois un léger flottement dans la transition. Mais rien de grave, quelques détails à régler encore pour parachever le « merveilleux » de ce programme par ailleurs très bien composé.
On se réjouit d’entendre le premier CD de ce jeune ensemble, dont on nous a annoncé qu’il devrait sortir cet automne !
...et à la cornemuse !
Élodie Bouleftour à la flûte à bec...
Galerie de photos …d »‘ambiance ! »
"Zut, le photographe m'a réveillé en pleine récupération !"
Après des heures de TGV, d'autres heures de répétition, un petit repos bien mérité avant le concert
"On va jouer déjà quoi, finalement ?"