Jovanka Marville: Bach au clavicorde

Compte-rendu:

Un instrument à clavier a fait sa …réapparition à La Goulue ce samedi: le clavicorde… La première fois, Nicole Hostettler était venue jouer …l’intégrale de « L’Art de la fugue » de Jean-Sébastien Bach, un marathon de près de 2 heures de musique, déjà sur un clavicorde, une copie d’un instrument de l’époque de Bach, soit un instrument nettement plus important dans ses dimensions, son étendue, sa présence sonore, que les petits clavicordes de la Renaissance notamment.

Cette fois-ci, c’est la claveciniste pianofortiste et …clavicordiste Jovanka Marville, professeur au Conservatoire de Lausanne, qui nous a à nouveau proposé du Bach sur un instrument très voisin de celui utilisé 4 ans plus tôt par Nicole Hostettler. Par contre, Jovanka Marville a choisi un programme plus court, plus abordable aussi, avec tout un choix de pièces assez brèves et moins développées du grand maître, des oeuvres à la forme plus simple et la « densité » musicale moins importante. Sauf que ça reste des oeuvres de Bach, et que même des inventions à deux voix se retrouvent être de petits bijoux…

Belle vue de la position des mains, doigts arrondis, et l’instrument laisse entièrement voir ses « entrailles » et son principe de fonctionnement

Le toucher de Jovanka Marville fait merveille. Et il en faut un bon et particulièrement précis, de toucher, sur cet instrument dont les cordes sont frappées par de petites tiges métalliques fixées perpendiculairement aux touches du clavier: la légéreté de cette mécanique, très simple mais délicate à « dompter », la difficulté de frapper précisément les cordes, ni trop fort, ni trop long, ni trop dur, ni trop mou…

Cet instrument est redoutable,… un excellent outil de travail pour maîtriser son toucher sur les instruments à clavier anciens en général. Pour m’y être essayé moi-même, j’ai pu entrevoir la somme d’approche et de maîtrise des mouvements de la main et surtout des doigts, mouvements qui doivent être minimalistes pour être bien contrôlés, pour faire sonner agréablement ce type d’instrument, puis pour le faire vivre et utiliser toute l’ampleur de la dynamique possible, laquelle, pour plus restreinte qu’elle est par rapport aux pianoforte qui existent déjà à cette époque, n’est de loin pas nulle.

La maîtrise de ces difficultés n’a pas posé problème à notre artiste qui a subjugué un public, hélas bien trop clairsemé (autour de 25 personnes maximum), qu’on avait disposé en arc de cercle autour de l’instrument, pour leur permettre de profiter au maximum de l’audition du clavicorde, mais aussi du toucher de Jovanka Marville, ainsi que de la vue de cet instrument à l’esthétique somptueuse (c’est au moins mon avis !…).

Une atmosphère familiale donc, mais aussi un public très à l’écoute: le son est plus petit que le clavecin, donc il faut tendre l’oreille dans un premier temps, puis on s’y habitue et on parvient sans peine à capter le magnifique relief et la palette de toucher dont notre musicienne nous a gratifié.

Belle (re)découverte de cet instrument, et de sa parfaite adéquation avec la musique du grand Bach ! Et de l’adéquation du lieu pour le jeu d’un instrument qui n’était a priori pas fait, à l’époque, pour être joué en concert…