Hautbois, basson et piano au service de la musique française du XXe siècle

Compte-rendu du concert:

La musique française du XXe siècle était à l’honneur à La Goulue ce soir-là. Les compositeurs français de cette époque avaient un faible pour les instruments à vent, pour lesquels ils ont beaucoup composé… Tant mieux pour les interprètes concernés !

Clotilde RAMOND, hautbois, Nelly FLÜCKIGER, basson et Pascale KELLER, piano, nous avaient donc préparé un programme varié, avec des oeuvres de Francis Poulenc, Charles Koechlin, Érik Satie et …Igor Stravinsky, qui n’avait rien de français, lui…

De Poulenc, nous avons pu entrendre le délicieux trio qu’on ré-entend toujours avec le même plaisir, du fait de la fraîcheur de cette musique gaie et entraînante. Le compositeur faisait partie du célèbre « Groupe des six », dont les compositeurs, avec d’autres artistes encore, découvraient la musique de cirque, des fêtes foraines et le jazz notamment, pour laisser leur musique s’en imprégner. Il s’agissait d’une sorte de réaction « contre » la musique contemporaine d’avant-garde, plus ardue à écouter, plus « cérébrale » aux yeux de certains, qui souhaitaient un peu retourner aux plaisirs simples, en réaction à certaines nouvelles tendances musicales.

La Sonate pour hautbois et piano du même Poulenc offre une atmosphère plus intimiste; elle est en outre merveilleusement bien écrite pour le hautbois, lequel dialogue avec un piano tout en finesse.

La Sonate pour basson et piano op. 71 de Charles Koechlin (que les Français prononcent « quéclin », avec un mauvais goût et une outrance telle que si on n’a jamais vu ce nom écrit, on ne pourrait pas deviner le lien entre son orthographe et la prononciation d’usage dans les milieux des médias et de la critique musicale parisienne, je ferme là cette parenthèse irritée et toute personnelle…) est d’une tout autre veine musicale. Koechlin ne faisait ni partie du « Groupe des six » (Poulenc-Auric-Durey-Tailleferre-Honegger), ni de son entourage. Son écriture est donc plus moderne, tout en gardant un style, une « coloration » très française. Cette oeuvre permet d’entendre, ce qui est hélas fort rare, le basson autrement que comme instrument d’orchestre ou d’ensemble, mais comme instrument soliste. Ses possibilités expressives sont larges et intéressantes. Koechlin a très bien écrit pour cet instrument, et cette oeuvre a permis à Nelly Flückiger de montrer tout son talent et sa sensibilité musicale.

Retour ensuite à l' »esprit Groupe des six » avec Erik Satie, qui en fut en quelque sorte l’initiateur et le « père spirituel ». Les 2 oeuvres qui en ont été jouées, « En habit de cheval » et « Trois petites pièces montées » en sont l’illustration, la sobriété de l’écriture musicale qui caractérise Satie étant bien mise en valeur, avec à la fois son sens de l’humour et de la dérision, derrière laquelle on sent une grande finesse et tendresse. Ces caractéristiques ont bien été rendues par la pianiste Pascale Keller.

Le programme s’achevait avec les « 5 Pièces faciles » d’Igor Stravinsky, très intéressantes, réunissant à nouveau le trio pour finir la soirée, vivement appréciée …par une dizaine de personnes… plus votre serviteur…