Freddy Eichelberger inaugure « Quentin-Joël », orgue-coffre de continuo…

Compte-rendu

Historique de l’acquisition de « Quentin-Joël », orgue-coffre…

Freddy Eichelberger est un artiste hors du commun. Très polyvalent, organiste et claveciniste, mais aussi clavicordiste, il a exploré de nombreux univers musicaux, pratiquant également l’improvisation, en solo ou en groupe, dans des genres musicaux qui vont de la musique ancienne et contemporaine, mais aussi le jazz, et on en passe. Il adore également les défis en tout genre …et ajouter une bonne dose d’humour dans sa musique quand l’occasion s’offre de le faire. Il est l’un des membres de l’Ensemble « Les Witches ».

Mais il a un autre défaut: c’est lui qui, à l’occasion, histoire de rendre service à l’un ou l’autre de ses nombreux « potes », diffuse des courriels tous azimuts pour demander des coups de pouce de nature fort variée…

Or j’ai été à l’occasion dans la liste des destinataires de tels courriels, notamment l’un d’entre eux qui signalait qu’un de ses amis facteur d’orgues, Quentin Blumenroeder, à Haguenau, en Alsace du nord, avait un orgue de continuo, un « orgue-coffre », en fin de fabrication, mais par un méchant concours de circonstance, cet instrument avait eu plusieurs commanditaires successifs qui avaient jeté l’éponge sans jamais rien payer, ce qui mettait Quentin Blumenroeder en difficulté, dans la mesure où il devait bien payer ses ouvriers qui avaient participé à l’élaboration de cet instrument.

Il s’agissait rien de moins que de mettre sur la table la somme totale du prix de l’instrument, afin que ce dernier puisse être achevé et les salaires versés… J’ai immédiatement été intéressé par cette perspective: il n’y a pas tant que cela de tels instruments dans notre région, et il n’est pas si facile d’en trouver un lorsqu’on monte un programme musical, en principe de type « oratorio », qui requiert l’usage d’un tel instrument. Comme chef de choeur, je me rappelle la difficulté que j’avais eue parfois d’en trouver un de disponible: il vallait mieux pouvoir s’y prendre aussi à l’avance que possible…

Mon intuition s’est trouvée juste: j’avais fait connaître l’acquisition de cet instrument dans notre région, et la possibilité de le louer, en été 2010, et à l’automne déjà, j’enregistrais les 2 premières locations. Jusqu’à ce concert d’inauguration, l’instrument a déjà été loué …14 fois !

Mais il y avait un gros problème à l’époque: je n’avais pas un sou vaillant en poche, et il fallait quand-même débourser dans les 30’000.- cash ! À ma grande surprise, je suis parvenu à obtenir des engagements de prêt de plusieurs amis et parents, et 10 jours plus tard, je me mettais sur les rangs pour l’acquisition de cet instrument et emportais la mise…

Deux mois plus tard, je me rendais à Haguenau pour rencontrer Quentin Blumenroeder, et assister à l’achèvement de la construction de cet instrument, dans un atelier incroyable, Quentin louant à vil prix une bâtisse gigantesque, l’ancienne grange de la Dîme de la ville, dont les murs datent du XVIe siècle… Une magnifique découverte, le courant a immédiatement passé avec Quentin… et l’instrument a été baptisé « Quentin-Joël », en jumelant le prénom du « patron » et celui de ses employés qui avait le plus travaillé sur l’instrument. Arrivés jeudi là-bas avec mon épouse et une amie, nous repartions dimanche, l’instrument dans notre voiture pour un retour en Suisse mouvementé…

Or donc, j’ai cet instrument depuis l’Ascension 2010, et ce n’est que maintenant, en décembre 2011 qu’on inaugure à La Goulue cet instrument en concert, avec la présence de son concepteur et fabriquant, Quentin lui-même.

Compte-rendu du concert lui-même

À cette occasion, j’avais laissé carte blanche musicale à Freddy Eichelberger, à l’origine de cette acquisition, pour nous faire entendre les possibilités de cet instrument.

Freddy a choisi de varier les plaisirs …en jouant en alternance l’orgue et mon épinette italienne, qu’on avait simplement posée sur l’orgue ! Pour le programme musical, il avait choisi de la musique anglaise de l’époque élisabéthaine, voir d’avant encore, et y avait ajouté quelques improvisations de son cru.

L’instrument a ainsi démontré tout son potentiel, magnifiquement mis en valeur par le toucher de rêve de Freddy, et il faut dire que le clavier de ce petit orgue est vraiment un petit bijou à jouer, tant il a été bien réglé, avec précision, on peut vraiment jouer en utilisant toutes les modulations possibles de toucher, d’attaque, et les tuyaux répondent très précisément à nos intentions. Le passage à l’épinette, dont la sonorité tranche fortement avec celle de l’orgue, était une heureuse idée, qui permettait de varier les plaisirs et de re-découvrir à chaque fois le son et le caractère de chaque instrument.

Pour ce dernier concert de 2011, on a dûment fêté l’événement, avec malheureusement seulement 25 personnes présentes, mais parmi lesquelles de nombreux organistes de la Riviéra lémanique, certains n’ayant encore jamais mis les pieds à La Goulue !… La fête fut donc belle, malgré une fréquentation encore une fois bien indigente…