Édith Fisher et Jorge Pepi à 4 mains sur un piano…

Compte-rendu du concert:

Ce samedi-là, La Goulue a accueilli deux artistes de renom, qui organisent chaque année à la Fondation Hindemith de Blonay et à l’église de la Chiésaz la « Semaine internationale de piano »: Édith Fischer et Jorge Pepi. Vu qu’ils en profitent pour venir répéter à l’occasion à La Goulue, ils connaissent bien les lieux et le piano, donc ce fut un plaisir de les accueillir dans la pratique d’un exercice peu souvent offert en concert: l’exécution d’oeuvres écrites pour piano à 4 mains.

Qui plus est, ils avaient choisi d’interpréter des oeuvres de compositeurs peu connus: des valses de Max Reger, une sonate d’Hermann Goetz et une autre de Carl Czerny. Pour ce dernier, tout les pianiste en garde un souvernir …impérissable, tant on doit en jouer les études au cours de la formation musicale… Mais qui connaît les compositions de cet auteur ? Quant à Hermann Goetz, il est plus inconnu encore. S’agissant de Max Reger, on en connaît particulièrement ses oeuvres pour orgue, beaucoup moins ses pièces pour piano, pas du tout pour celles pour piano 4 mains…

Ce fut une magnifique soirée. Les valses de Reger étaient enlevées et dansantes à souhait. On y trouve des réminiscences de la musique viennoise de la seconde moitié du XIXe siècle, et de mélodies venues d’ailleurs; leurs atmosphères sont très colorées. Les deux grandes sonates qui suivaient démontraient une grande maîtrise de l’architecture de la forme sonate par ces deux compositeurs qui ont surpris par l’intérêt sans cesse renouvelé de leur écriture musicale.

En plus, tant de doigts jouant tant de touches simultanément, nous transportent parfois des dimensions modestes de notre salon vers celles plus amples d’une salle de concert, tant la masse sonore et les coloris peuvent rappeler une écriture orchestrale. En outre, il est dommage que je n’aie pas de photo …numérique à joindre à cet article, montrant l’amusant duo que forment le très imposant Jorge assis aux côtés de la délicate Edith… Heureusement que la largeur d’un clavier de piano couvre plus de 7 octaves ! L’exercice eût été bien plus périlleux au clavecin…

La soirée fut également marquée par le bouillonnement passionné des artistes, qui « entrent » de plein pied dans les oeuvres exécutées, sans réserve. Mon piano Fazioli a ainsi pu livrer toute la mesure de la profondeur de ses basses et de la sonorité ronde et puissante de son médium ainsi que, à l’occasion, de ses aigus cristallins, pour le plus grand bonheur des amateurs des contrastes sonores que peut offrir le piano.