Concert d’étudiants SSPM du 3 novembre 2007: 5 participants…

Compte-rendu:

C’est chaque année le même plaisir d’accueillir des étudiants professionnels de la SSPM, Société Suisse de Pédagogie Musicale, dans la mesure où on y découvre de nombreux jeunes artistes talentueux, dont certaines et certains d’entre elles/eux pourraient bien devenir les musiciens professionnels de demain. Certains musiciens montrent très tôt un gros potentiel, d’autres non, et d’autres encore vont peut-être « décoller » un jour, et se trouvent provisoirement à faire du sur-place, situation fréquente dans un parcours de formation musicale.

Ce 3 novembre 2007, 5 « jeunes pousses » se sont produites à La Goulue: Michael Lehner, ténor; Alexis Munier, soprano, Jeanne Gollut, flûte de pan, les trois accompagnées pour les deux premiers par Marina Shaposhnikova, piano, et pour la troisième par Julie Sicre, harpe, avec laquelle Jeanne Gollut forme par ailleurs un duo qui a déjà quelques années de pratique communes.

Les duos amoureux... Michael Lehner et Alexis Munier dans le "bel canto"

Michael Lehner, un certain naturel...

J’ai coutume de dire que l’acoustique de La Goulue est assez impitoyable pour les chanteurs… Acoustique précise, nette, mais sèche, ce qui met à nu tant les qualités vocales et musicales que les défauts… Pour de jeunes artistes, il n’est ainsi pas facile de se mettre en valeur ni de tricher, et à cela s’ajoute le côté déstabilisant de l’exercice…

Alexis Munier, une soprano à la voix déjà bien affirmée

Dans ce cas, tant Michael Lehner qu’Alexis Munier ont montré de belles aptitudes …et encore un certain chemin à faire, tant en terme de technique vocale que de maîtrise d’oeuvres dans leur intégralité. Qui plus est, les airs italiens choisis obligent à une maîtrise vocale et stylistique qui ne s’acquiert pas en un jour ! Chanter de la musique italienne implique de se trouver bien dans sa peau, de pouvoir exprimer toute la palette de sentiments que cette musique et que la culture italienne requiert, ce qui nécessite un bon bain culturel qui ne pourra venir qu’avec le temps, surtout à des artistes qui ne sont pas italiens… En alternance, les 2 chanteurs ont interprété des mélodies de Paolo Tosti, Giuseppe Verdi, Gaetano Donizetti, Giaccomo Puccini, A. Catalani, et pour boucler le récital, un duo tiré de la « Traviata » de Giuseppe Verdi.

Mais le résultat final est tout-à-fait méritoire, si on se place au stade de leur parcours de formation musicale !

 

Jeanne Gollut ne fait qu'un avec son instrument, et son souffle est irrésistible !

Julie Sicre fait également, quant à elle, corps avec son instrument

Jeanne Gollut est d’un autre calibre, et surtout: elle est douée en diable et a déjà derrière elle, depuis un stade peu avancé dans son parcours d’étude, une bonne pratique du concert en soliste ou en partenariat avec d’autres musiciens. Elle a même déjà un public, ce dont nous avons pu nous apercevoir à La Goulue, dont la fréquentation du récital a été inhabituellement élevée…

Jeanne Gollut et Julie Sicre: une magnifique complicité musicale, doublée d'une certaine ressemblance...

Jeanne Gollut a vraiment beaucoup de chance, il lui a été beaucoup donné… Certes, pas le bras droit, ou qu’une petite partie, mais pour le reste, quel talent, quelle facilité, quel bonheur de jouer, quel beau sourire, quel maintien naturel, sans parler de la grande beauté de cette jeune femme, qui est certes appréciable mais secondaire sur le plan musical… La qualité sonore qu’elle tire de son instrument, sa musicalité lui assurent déjà d’avoir atteint un niveau très proche de celui de son professeur, ce qui n’est pas peu dire !

Et il n’est pas toujours facile d’éviter les écueils de jouer de la flûte de pan avec l’arrière-plan de toute la musique traditionnelle roumaine qui nous a été livrée par Marcel Cellier en son temps, avec le célèbre artiste George Zamfir… Trop de gens assimilent cet instrument à ce seul répertoire. Jeanne Gollut joue sans problème de nombreuses oeuvres du répertoire classique. Ce soir, le duo avait choisi de nous offrir des oeuvres de N. Von Wilm, B. Andrès, G. Barcos, pour l’essentiel de la musique contemporaine, et ce fut particulièrement beau.

Un rayonnement et une aura naturels se dégagent de Jeanne Gollut...

En duo avec Julie Sicre, un duo de sirènes qui envoûtent une salle avant même que la première note ne soit jouée, tant le silence qui précède est déjà musical ! Il n’y a pas assez de vocabulaire pour faire l’éloge de ces deux artistes, pour lesquelles je ne me fais aucun souci quant à leur avenir.

 

 

…et pour finir, quelques photos supplémentaires du duo de Verdi, ils sont si touchants, ces deux-là…

 

Ah, la passion... c'est irrésistible, et la voix suit toute seule !

 

Ça y est: ils ont craqué les deux !...