Trio Vançin: hautbois, clarinette & piano

Le Trio Vançin dans ses oeuvres: les danses slaves de Dvorak

C’est avec plaisir que nous avons accueilli une formation en trio inhabituelle, le Trio Vançin. Composé de Ayser Vançin, compositrice et hautboïste, d’Éric Schmid, à la clarinette et d’Amnon Shachal, au piano, les artistes nous ont proposé un programme très varié et agréable pour le public. Jugez-en seulement:

Ouverture avec les fameuses « Danses slaves » d’Antonin Dvorak, dont les mélodies sont si belles et les climats magnifiquement campés. L’atmosphère y était, et en faisant abstraction d’une petite hésitation à l’entame de cette pièce, tout le reste a passé comme une lettre à la poste, pour un public enchanté.

S’en est suivi une « Pièce de concert » op, 113 de Félix Mendelssohn, d’une belle écriture, pas facile, transcrite pour clarinette et hautbois, l’original ayant été prévu pour 2 clarinettes. La transcription permettait de vraiment faire dialoguer les lignes mélodiques entre 2 instruments au timbre fort différent. Une sonorité plus chaleureuse s’agissant de la clarinette, dialoguant avec la sonorité plus colorée du hautbois, voilà qui fonctionnait parfaitement.

« L’Horloge de Flore » est un petit bijou d’un compositeur français peu connu, bien qu’il s’appelle justement… Jean Françaix… Il s’agit d’une série de petites mignatures parcourant la journée en s’arrêtant à diverses heures, auxquelles le compositeur a associé diverses fleurs, dont la particularité est qu’elles viennent toutes de pays plutôt éloignés, réminiscence du goût prononcé, au tournant du XXe siècle, pour l’exotisme, et ce en pleine période coloniale. Ayser Vançin s’est donné la peine de trouver une description de chaque fleur, celles-ci étant affublées de noms particuliers, voire cocasses dans certains cas, comme la « Nyctanthe de Malabar » par exemple. Cette musique sonne merveilleusement bien, dommage qu’on ne l’entende que si rarement en concert….

Le clarinettiste jouant "After you, Mr. Gerschwin"

Belà Kovach a écrit une pièce intitulée « After you, Mr Gerschwin », une sorte de pot-pourri de diverses mélodies tirées des oeuvres de Gerschwin, le tout dans une écriture musicale tout à la fois virtuose et …terriblement jazzy, comme le maître américain en a tant écrit, pour notre plus grand bonheur. Le clarinettiste nous a restitué cette oeuvre en passant sans peine les difficultés, et en donnant toute l’énergie qu’il faut pour ces pièces pleines de rythmes particuliers et autres claquements de pied ponctuant certains passages…

Le pianiste jouant "Jeux d'eau dans la Villa D'Este", de Franz Liszt

La pièce suivante était réservée au piano en solo… il s’agissait des « Jeux d’eau dans la Villa d’Este », de Franz Liszt, que le pianiste nous a magistralement restitué, avec une finesse de toucher qui faisait merveille. Cette pièce n’est pas la plus « tonitruante » des oeuvres de Liszt, tout au contraire, elle nous offre de nombreux passages d’une grande délicatesse, tout en étant fort …délicate à jouer. C’est avec plaisir qu’on a profité de chaque micro-effet, ce que rend si bien mon piano Fazioli…

L’oeuvre du compositeur hollandais contemporain Jan Masseus, « Introduction en Allegro-Andante-Allegro », était d’une écriture fort intéressante. En aucune manière audacieuse ni hermétique, cette composition superpose néanmoins des mélodies formant parfois des intervalles très petits, mais le climat de la pièce est d’une grande originalité, et l’oeuvre parfaitement audible et agréable à l’oreille…

Pour clore la soirée musicale, le trio a joué un enchaînement de courtes mélodies traditionnelles turques, arrangées et enchaînées par les bons soins d’Ayser Vançin elle-même, d’origine turque. On sent dans ces pièces une grande diversité d’inspiration et de cultures, qui montrent à quel point la Turquie actuelle est marquée par la période ottomane, durant laquelle elle était au coeur d’un vaste empire où se trouvaient cohabiter d’innombrables cultures, ayant laissé de nombreuses traces dans la musique populaire actuelle. Certaines mélodies rappelaient furieusement les Balkans, d’autres étaient plus « orientales », l’une d’entre elle pouvant aisément faire penser à une musique juive.

En bis: une courte pièce de Bach, qui amenait encore une autre touche à ce programme joliment balancé et qui a enthousiasmé un public… hélas à nouveau bien clairsemé: 17 personnes, quelle dommage…

Salutations finales du trio