Compte-rendu:
Enfin, plusieurs mois après avoir acquis cet instrument, ce soir-là, Jovanka Marville, claveciniste-pianofortiste lausannoise et prof. au Conservatoire de Lausanne en classe professionnelle, inaugurait mon « muselaar », une variante particulière de virginal. Pourquoi Jovanka Marville, me demanderez-vous ? Et vous aurez raison… Simplement parce que tout est parti d’elle !
C’est Jovanka Marville qui commanda un instrument de ce type, d’après un modèle historique du musée d’instruments anciens de Bruxelles, un « Ruckers » de 1620. Le facteur de clavecin Alain Dieu (ça ne s’invente pas), heureux de cette commande, pour un type d’instruments hélas fort peu demandé, se décida donc à en construire …2 exemplaires à l’identique ! Identique jusqu’au dernier détail de la somptueuse décoration de la table d’harmonie de l’instrument… Or Alain Dieu, 5 ans après la construction simultanée des deux exemplaires jumeaux, n’avait pas encore trouvé acquéreur pour le deuxième ! Jusqu’au moment où il me téléphona pour savoir si je ne connaîtrais pas par hasard une personne intéressée à l’acquérir…
…et bien si: moi-même !… Ce qui fit beaucoup jaser…
Mais du coup, c’était la chose la plus naturelle possible que de demander à la personne sans laquelle je n’aurais jamais possédé un instrument aussi magnifique et musicalement exceptionnel que ce muselaar, qui fait toujours le bonheur de tous les clavecinistes qui s’essayent à le jouer, à commencer par votre serviteur…
Or donc, Jovanka Marville l’a inauguré en y interprétant le répertoire composé sur mesure pour ce type d’instrument, soit l’abondante littérature musicale de l’Angleterre élisabethaine ! Au programme donc, des oeuvres de William Byrd, Giles Farnaby, Jan Pieterszon Sweelinck, John Bull et Richard Farnaby. Jovanka fit honneur à cet instrument, qui dut, ce soir là, soupirer d’aise une fois la dernière note disparue: le toucher chatoyant et précis de l’artiste avait passé par là, et permis de faire découvrir au public présent ce soir les sonorités somptueuses de ce joyau de ma « collection » de clavecins, et une musique d’une exceptionnelle qualité.
Dès ce moment, je sus qu’il faudrait que j’organise au moins tous les deux ans un récital de virginal, tant il est vrai que cet instrument est destiné à être joué en solo, et non en musique de chambre ni comme instrument d’accompagnement.
Merci Jovanka ! Je te dois beaucoup, ainsi qu’à Alain Dieu, qui a réalisé là deux instruments particulièrement magnifiques et réussis (j’ai bien sûr eu l’occasion de tester l’exemplaire en possession de Jovanka, qui est tout aussi somptueux que le mien, bien sûr, si ce n’est plus…). Je n’ai hélas pas de photos de ce concert, et vous en livre en lieu et place l’une ou l’autre de l’instrument lui-même…