Une bouffée d’Espagne à La Goulue ! Teresa Martin-Santos au piano

Compte-rendu du récital:

Teresa Martin-Santos dans le vif: Mompou et ses contrastes... et la concentration de l'artiste

Samedi 19 Avril, La Goulue s’est transformée, pour quelques heures, en …auberge espagnole. Une pianiste, résidant dans la région mais passionnément dévouée aux musiques de son pays d’origine, nous a offert d’entrer dans un petit morceau du vaste répertoire de la musique espagnole, en l’occurrence la période du tournant du XXe siècle, qui a vu de nombreux compositeurs espagnols, souvent injustement méconnus aujourd’hui, entrer en contact avec leurs « voisins » compositeurs français, alors en pleine effervescence. Chacun aura influencé chacun, et l’attrait de la France pour l’Espagne se fera naturellement, les compositeurs étant moins sensibles aux frontières que d’autres catégories de la population…

Dans ce cas, Teresa Martin-Santos avait décidé d’articuler son programme autour de son compositeur fétiche, le Catalan Mompou. Ce dernier était fasciné par Debussy et Ravel, qui ont tous deux beaucoup puisé dans la culture espagnole, composé des oeuvres aux titres espagnols ou inspirés de rythmes et de danses espagnoles, ou de tournures mélodiques, ou d’atmosphères. Ces échanges ont été illustrés par diverses pièces de Mompou dans un premier temps, au caractère souvent intimiste, les notes « prenant leur temps » pour développer leur sonorité. D’après la pianiste, nous devions entendre résonner les cloches qui ont bercé l’enfance du compositeur, dont le grand-père avait une fabrique de cloches très réputée…

Puis a été jouée « L’Île Joyeuse » de Claude Debussy, véritable feu d’artifice musical. Après une courte pause, le « grand frère » de Debussy, Maurice Ravel, avec sa « Sonatine », suivie par des extraits du monumental « Iberia », d’Isaac Albeniz, autre grand compositeur espagnol de cette période. Le dernier « mot » a été dit en musique avec une ultime pièce de Mompou, histoire de nouer la gerbe et le fil conducteur de la soirée.

Le toucher de Teresa Martin-Santos est tout d’intimité, d’effleurements, d’enfoncements délicats des touches; peut-être aurions-nous pu souhaiter voir s’affirmer ici ou là plus nettement le caractère leste, vif et tranchant de certaines pages, mais l’artiste a choisi de rester fidèle à une atmosphère et une grande homogénéité du programme.

Seul regret: Le public était largement composé de gens déjà conquis par ce répertoire; nous aurions pu espérer que quelques …Suisses soient venu également pour découvrir une musique chatoyante, très sensible et très audible (remarque à l’intention des personnes craignant les outrances de certaines musiques « contemporaines »…). Il est difficile de convaincre les mélomanes à venir découvrir des horizons méconnus…

Mais nous ne désespérons pas, et encourageons la pianiste, résidant à Chexbres, à poursuivre sa quête passionnée de communiquer son enthousiasme pour cette musique très attachante.

Il semble bien que la relève soit déjà assurée !