« Le Concert Brisé »: le retour, mais en duo…

Compte-rendu du concert:

Après un mémorable concert en trio, le « Concert Brisé » nous est revenu pour une nouvelle soirée autour du « cornetto », ou « cornet à bouquin ». William DONGOIS, le grand maître actuel de cet instrument nous en a fait découvrir de nouvelles contrées, accompagné par son fidèle compagnon et complice au clavecin, Carsten LOHFF.

Ce soir-là, il n’y avait au programme aucune composition originale pour cet instrument. William Dongois, à la technique époustouflante, avait décidé de transcrire certaines oeuvres écrites soit pour le clavecin, comme les pièces de Johann Jakob Froberger, ou des oeuvres pour violon, telles celles de Giovanni Antonio Pandolfi-Mealli.

Ce qu’il y a de fou, c’est que Pandolfi-Mealli appartient à cette « clique » de compositeurs de l’école italienne qui, au XVIIe siècle, ont mis en évidence le « violon roi », pour lequel on a rivalisé de virtuosité et de défis techniques en composant des oeuvres pour lui. Cette pratique a par ailleurs marqué toute la seconde moitié du XVIIe et la première moitié du XVIIIe siècle dans toute l’Europe, à commencer par Vienne, avec ses Schmelzer, Biber et autre Muffat.

Or le cornetto a une étendue sonore (« ambitus ») sensiblement plus courte que le violon, et qui plus est, la virtuosité (et la justesse d’intonnation) sont sensiblement plus difficiles à obtenir qu’avec le violon. Il n’y aurait, on pourrait même dire: il n’y aura probablement pas souvent d’autres cornettistes qui se risqueront à transcrire de telles oeuvres à leur répertoire !

Le résultat en fut ébouriffant, c’est certain ! William Dongois et Carsten Lohff en ont tiré le meilleur parti musical possible, mais il faut avouer qu’il y avait un petit manque: la diversité et la finesse musicale, les artistes ne pouvant pas avoir le beurre et l’argent du beurre… Il fallait maîtriser les difficultés, ce qui fut fait… Il fallait trouver ici et là des passages permettant une subtilité d’interprétation, ce qui fut fait. Mais on ne pouvait pas inventer une palette expressive qui n’a manifestement pas été sollicitée par les compositeurs de ces oeuvres, à tout le moins Giovanni Antonio Pandolfi-Mealli: Tout l’intérêt de ces pièces réside dans leur virtuosité et la capacité des artistes de réaliser ces traits avec toute la légèreté possible, donc on était aux limites des capacités du cornet de répondre à ces exigences, plus à la portée du violon.

Un concert dont fort intéressant, impressionnant quant à la performance, musical autant qu’il pouvait l’être, nous permettant de découvrir maint oeuvres musicales peu connues, surtout celles de Pandolfi-Mealli, mais… était-ce vraiment la meilleure idée possible que de monter un programme entier autour de cet exercice de transcription ?